Devenir apiculteur amateur, c'est difficile ?

Devenir apiculteur amateur, c'est difficile ?

Vous avez toujours apprécié mettre une petite cuillerée de miel dans votre tasse d’infusion, afin d’en parfumer légèrement le goût. Vous avez toujours eu de la sympathie pour les abeilles, qui vous ont intrigué par leur balais incessants entre leur ruche et les plantes mellifères. Le costume d’apiculteur vous a souvent fait penser à celle d’un astronaute… Alors pourquoi ne serait-il pas temps pour vous de l’enfiler désormais ?

Cette idée semble de plus en plus séduire, car l’implémentation de ruches se fait de plus en plus chez les particuliers voire même… dans les entreprises !
Alors quelles sont les informations à savoir avant de se lancer dans cette aventure ?

1) L’emplacement et la ruche

Ruche dans la nature

Avant de récolter du miel, il faut bien évidemment que vous ayez des abeilles, et avant d’avoir des abeilles, il faut bien leur trouver un endroit ou elles pourraient se loger tranquillement… Donc leur fournir une ruche !
L’emplacement d’une ruche est très important pour la qualité de la colonie que vous souhaitez avoir. Plusieurs points sont alors à prendre en compte.

Veillez à ce que votre ruche dispose d’espace aux alentours, si vous la placez dans un endroit exigu, les abeilles n’apprécieront pas spécialement et vous n’aurez pas une liberté de mouvement optimale pour manipuler la ruche. Attention toutefois à ne pas la placer non plus dans un endroit ayant un fort taux de passage, cela pourrait stresser les abeilles, qui ne doivent pas être nerveuses dû à la présence de personnes qui passeraient souvent à côté.

Les conditions optimales pour votre ruche serait qu’elle soit à l’abri des vents forts, et orientée Sud Est, afin qu’elle profite des rayons du soleil au lever du jour.

Il est important surélever votre ruche, d’au moins 10 centimètres. En effet si le sol de votre ruche touche le sol, alors vous risquez de faire pourrir rapidement le plancher.

Enfin, selon vos moyens, mettre à disposition une deuxième ruche, vide, serait judicieux. Si la première ruche a un problème, vous pourriez alors transférer rapidement votre colonie dans un environnement sûr.

Concernant la ruche que vous pouvez mettre en place, sachez que différents modèles existent, mais deux modèles sont particulièrement courants dans le modèle de l’apiculture :

Le modèle Dadant est particulièrement répandu chez les professionnels. Ce modèle est constitué d’un plancher avec système d'aération intégré, de cadres suspendus verticalement dans la ruche, de la hausse qui récoltera le miel, d’un couvre cadre qui permet de garder la chaleur au sein de la ruche et enfin du toit qui permet l’étanchéité de la ruche ! Ce modèle permet une manipulation aisée de la ruche (en connaissant les bons mouvements bien évidemment !)

Le deuxième modèle est la ruche kenyane, ou encore appelée ruche horizontale à barres. Ce modèle là présente l’avantage de pouvoir être fabriqué assez facilement, ce qui pourrait donc vous permettre de construire votre propre ruche et ainsi réduire vos coûts si vous partez avec un budget de base restreint.

Notez tout de même que la qualité de la ruche est primordiale pour le bon développement d’une colonie.
Si vous donnez à vos abeilles un habitat de piètre qualité (peu étanche, avec des matériaux qui ne protègent pas du froid, etc.) alors votre colonie sera beaucoup plus vulnérable aux facteurs extérieurs, et vous verrez plus tard que c’est bien la dernière chose dont elle ai besoin !

Il est donc plus judicieux d’opter pour des ruches en bois (non traité pour protéger les abeilles des produits toxiques !) qui permettront d’offrir des conditions optimales à vos abeilles.

2) L’essaim

Colonie d'abeille devant la ruche

Vous voilà désormais en possession d’une belle ruche prête à recevoir des milliers d’habitantes ! Alors comment choisir vos nouvelles petites protégées ?

Tout d’abord, les colonies d’abeilles se prolifèrent majoritairement entre Avril et Juillet. C’est à ce moment qu’il est le plus simple de récupérer un essaim.
Plusieurs choix s’offrent alors à vous :

Vous pouvez être téméraire et essayer de vous fournir vous même votre essaim en en récupérant un sauvage dans la nature. Bien que les essaims soient assez impressionnants vu à l’état naturel , si celui-ci est accroché à une branche il n’est généralement pas agressif. Si vous utilisez un brumisateur rempli d’eau tiède et que vous brumisez légèrement l’essaim, celui-ci aura tendance à rester aggloméré. Placez alors un carton sous l’essaim, puis faites tomber les abeilles dans la boite. Il n’y aura alors plus qu’à la refermer et d’y faire un léger trou tout en bas de la boite (similaire à l’entrée d’une ruche soit 10 centimètres de largeur sur un de hauteur). Les abeilles viendront d’elles même dans la boite si la reine s’y trouve dans l’heure qui suit.

Vous pouvez vous en procurer un chez un professionnel si vous souhaitez une espèce précise, il devra alors vous fournir une facture, une attestation de bon état sanitaire ainsi qu’une fiche de traçabilité de l’essaim. A noter qu’il est toujours préférable d’acheter une espèce d’abeille locale afin que celle-ci se sente à l’aise dans l’environnement. Vous pouvez également opter pour une reine d’abeille noire, qui est une abeille issue d’Europe de l’Est et du Nord, réputée un peu plus difficile à manipuler, elle est aujourd’hui en difficulté, alors pourquoi ne pas allier plaisir et contribution pour l’environnement en choisissant de développer cette espèce !  

Troisième choix qui s’offre à vous pour obtenir un essaim : Faire appel à un apiculteur amateur qui pourrait scinder une de ses ruches, ou pourquoi pas vous offrir un essaim si vous avez la chance d’avoir un ami apiculteur ;)

3) Le matériel

Apiculteur faisant la récolte

Vous avez donc la ruche, et les abeilles. Donc la base pour pouvoir commencer à étudier vos nouvelles amies, et vous émerveiller sur leur capacité à s’adapter facilement à leur nouvelle maison.

Toutefois, si vous souhaitez manipuler la ruche et les abeilles afin d’en récolter le sacré saint miel, il vous faudra des protections, d’autant plus si vous êtes débutants. Les apiculteurs expérimentés savent comment s’y prendre avec leurs essaims, les comprennent et savent comprendre leur comportement, mais si vous êtes un apiculteur en herbe, alors il vaut mieux se protéger pour éviter tout souvenir… piquant !

Le matériel de protection

Le choix de votre matériel dépendra de la liberté de mouvement que vous souhaitez vous accorder.
Vous pouvez opter pour une combinaison à protection intégrale qui, il faut le dire, apporte un aspect sécuritaire tout à fait satisfaisant et vous permettra de vous sentir également très bien protégé pshychologiquement parlant.
Si vous redoutez vos abeilles, alors ce choix vous permettra sûrement de vaincre vos appréhensions et de vous approcher de vos abeilles sans avoir une peur panique.

Il y a toutefois un aspect important à ne pas négliger avec vos abeilles : celles-ci doivent sentir votre odeur pour vous reconnaitre, c’est ce qui vous permettra plus tard de manipuler la ruche sans que les abeilles se sentent en danger. Elles sauront vous reconnaitre avec le temps. Voilà pourquoi la combinaison intégrale ne permet pas un contact poussé avec les abeilles.

Si la combinaison intégrale semble bien pour débuter, vous pourrez alors vous diriger par la suite par une protection vestimentaire plus légère (lorsque vous vous sentirez plus à l’aise avec vos abeilles !), qui vous permettra d’être moins encombré tout en gardant une proximité psychologique avec votre colonie. Un jean à toile épaisse fera l’affaire pour couvrir vos jambes et éviter que les abeilles ne puissent vous piquer, un blouson pro d’apiculteur afin de couvrir votre torse, une voilette pour couvrir le visage et enfin des gants en peau d’agneau par exemple pour couvrir vos mains, faites attention toutefois si une abeille vous pique que le dard ne reste pas fiché dans le gant, l’odeur du venin risque de ne pas plaire aux autres abeilles qui risqueront alors de vous considérer comme un agresseur ! Evitez également les vêtements ou les abeilles pourraient rester coincées comme de la grosse laine...

Le matériel de récolte

Lorsque vos abeilles auront élu domicile dans votre ruche et qu’elles s’y sentiront à l’aise, elles produiront le miel tant attendu. Mais quel matériel nécessitez-vous pour récolter le miel ?

Plusieurs éléments sont importants à la récolte du miel.

Vous devrez tout d’abord avoir en votre possession des outils tels que :

  • Une balayette pour pousser délicatement les abeilles lorsque vous récupérerez les hausses de miel, un enfumoir si vous souhaitez endormir les abeilles afin qu’elles ne s’excitent pas trop lorsque vous manipulerez les ruches ou un chasse abeilles si vous ne souhaitez pas utiliser un enfumoir.

  • Un lève cadres pour manipuler les cadres de façon plus pratique

  • Un couteau à désoperculer qui servira à enlever la couche de cire sur les rayons de cire

  • Un bac à désoperculer qui lui vous permettra de récolter le miel qui coulera lorsque vous enlèverez la couche, et que vous pourrez récupérer au moyen du robinet qu’il à

  • Un extracteur de miel qui récupèrera la majorité du miel présent dans les hausses grâce à la force centrifuge

  • Un maturateur, “décantant” le miel afin de le rendre plus pur

Grâce à ce matériel vous aurez tous les outils nécessaires pour récolter le miel dans les meilleures dispositions possibles.

Il est bien évidemment conseillé d’opérer à l’extraction du miel dans un local propre pour obtenir un miel de la meilleure qualité possible !

4) Le coût total ?

Maintenant que vous savez quelles sont les étapes pour mener à bien votre projet, il est temps de budgéter tout cela !

Les prix dépendent évidemment de la qualité du matériel que vous achèterez toutefois nous pouvons vous donner un ordre d’idées sur les tarifs.

Pour une ruche Dadant de 10 cadres, vous pouvez en trouver entre 50 et 100 euros. Les ruches kenyane coûtent un peu plus chères à l’achat (environ 200 euros) à moins que vous ne la construisiez vous même auquel cas vous économiserez alors un peu d’argent !

Concernant l’essaim, il faut savoir que les prix là encore sont trés variés. Comptez entre 100 et 200 € pour les premiers prix d’essaims avec reine, sachant qu’il peut monter à près de 1000 € suivant l’apiculteur. Le prix dépend de la provenance et de l’espèce de l’abeille, ainsi que de son environnement, de sa résistance ou de son taux de mortalité, etc.

En ce qui concerne le matériel, comptez environ 80 euros pour tout le nécessaire vestimentaire, et 350 euros pour tout le matériel de récolte des ruches. Ce prix correspond à des kits que vous pouvez facilement trouver sur internet et qui vous propose tous les outils de base ayant une qualité correcte.

Comme vous pouvez le voir, débuter une activité d’apiculteur demande un investissement de base tournant autour de 600 - 700 euros. Cette activité peut représenter un coût assez élevé, toutefois ses bénéfices valent l’investissement.

5) Les formalités administratives

Devenir apiculteur demande également de de se déclarer comme tel auprès du ministère de l’agriculture et de l’alimentation.

Dès lors que vous aurez installé votre ruche, il faudra déclarer votre colonie entre le 1er Septembre et le 31 Décembre. Si vous installez votre ruche en dehors de cette période, alors vous devrez la déclarer au moment ou vous l’installerez, puis devrez la re-déclarer durant la période propice. Vous devrez indiquer leur nombre et emplacements.

En réalisant cette démarche, vous bénéficierez alors d’un numéro d’apiculteur qui devra être apposé sur au moins 10% de vos ruches ou sur un panneau placé à proximité.

La déclaration peut se faire toute l’année en ligne, mais ne peut se faire par voie postale qu’uniquement entre le 1er Septembre et 31 Décembre.   

6) Les dangers pour les abeilles

abeilles devant ruche

Entretenir une ruche vous fera faire face à des difficultés qui ne sont pas anodines. En effet, les abeilles font malheureusement face à de nombreux dangers.

Le Varroa en est un exemple. Ce parasite s’attaque aux abeilles adultes et vis à ses dépends. Sa présence dans un rucher peut être catastrophique, car s’aggripant à l’abeille, cette dernière finir par dépérir puis par tout simplement mourir. La présence non traitée de cet acarien dans une ruche peut la dépeupler en l’espace de quelques années.

La seule solution actuelle est le traitement chimique, qui malheureusement n’est pas efficace à 100%. Un bon examen de votre rucher ou des abeilles fraîchement décédées vous permettra d’endiguer la prolifération de l’acarien.

Autre ennemi, beaucoup plus gros cette fois ci, le frelon asiatique.

Cette espèce proliférant en France depuis 2005 se nourrit de fruits, mais également d’insectes, et l’abeille tient une place de choix dans son menu. Le frelon asiatique fera généralement du vol stationnaire devant les ruchers pour attraper la première abeille qui en sortira afin de la manger. La présence de ce nuisible stressera vos abeilles et celles-ci ne voudront plus sortir du rucher de peur d’être tuées.

Malheureusement, il est délicat de contrôler sa prolifération, et contrairement au frelon européen, il peut vous piquer plusieurs fois d’affilée, c’est pourquoi il est déconseillé de s’attaquer à lui. Certains apiculteurs n’hésitent toutefois pas à les chasser eux même avec des raquettes électriques !

Vous pouvez utiliser les pièges à guêpe (une moitié de bouteille coupée avec le goulot introduit dans l’autre moitié) en mettant de la bière brune au fond, ce qui attire les frelons/guêpes mais pas les abeilles. Evitez toutefois de mettre ces pièges trop près de la ruche ou dans un arbre à floraison, et si possible placez le plutôt en hauteur.

Les abeilles disposent de nombreux autres prédateurs, toutefois ceux-ci ne sont pas considérés comme des nuisibles, et vous ne pourrez pas jouer contre les lois de la nature en voulant protéger en tout point votre colonie !

Prenez également en compte de ne pas placer votre ruche près d’un terrain utilisant des pesticides, vos abeilles en pâtiraient !



7) Vous !

Essaim d'abeilles autour d'apiculteur

Vous allez vous embarquer dans une formidable aventure. Toutefois celle-ci n’est pas à prendre à la légère. S’occuper d’une ruche demande un investissement de temps qui n’est pas négligeable. Il parait peu probable que vous puissiez vous en occuper de façon correcte qu’une fois toutes les deux semaines. Pour un bon entretien, il s’agit d’aller voir sa ruche au minimum une fois par semaine. Bien que les visites ne doivent pas durer trop longtemps pour ne pas trop déranger les abeilles, il convient toutefois d’avoir un check-up régulier pour s’assurer que vos abeilles soient en bonne santé et se développent correctement.

Il ne s’agit donc pas ici d’un bref hobbie, bien au contraire ! Demandez-vous donc si vous êtes prêts à vous lancer dans une telle aventure, et surtout soyez en sûr !  

Si toutefois vous vous sentez fin prêts à vous y consacrer, alors vous allez très certainement y trouver une quiétude dont vantent la majorité des apiculteurs ! Vous y apprendrez la patience dont nécessite l’entretien d’une colonie, la joie de faire votre première récolte de miel, et la satisfaction de contribuer à développer une espèce en voie de disparition qui est indispensable au bon équilibre de notre biodiversité...   

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